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Note technique N°5 Analyse économique sur le tourisme

Analyse économique sur le tourisme

Avec LE RETOUR DES GRANDES MENACES : EBOLA, DJIHADISME, RÉCESSION…

Rarement depuis de nombreuses années, autant de variables exogènes auront pesé sur le transport aérien en particulier et le tourisme en général. Même s’il est difficile de mesurer l’impact potentiel des menaces qui pèsent sur le secteur, il apparaît d’ores et déjà évident qu’elles ne seront pas sans effet. 2015 s’annonce comme une année difficile qui pourrait profiter au tourisme interne de l’Europe.

Quid du tourisme sénégalais, doit-il être réécrit ! Volonté politique et intelligences sont-elles séparables ?

Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), 63,6 millions de touristes internationaux sont entrés en Afrique en 2012, contre 17,4 millions de visiteurs en 1990. Le potentiel économique du tourisme a un impact direct et indirect sur l’emploi ce qui est remarquable. Rien qu’en Afrique, les voyages et le tourisme ont généré en 2012 8,2 millions d’emplois directs.

Comment accéder à ce marché : 
Il faut augmenter notre attractivité et notre rayonnement.
Une des voies pour faire porter le plus loin possible la voix de l’industrie touristique sénégalaise et garantir sa pérennité est tout  de mettre en avant ce que nous avons d’unique, c’est-à-dire : Le Sénégal et les sénégalais, qui est un réservoir d’expertise et de potentialités énormes - Une volonté politique et des intelligences au service du tourisme - C’est le Sénégalais qui est le véritable générateur de notre potentiel touristique et de souvenirs pour créer la différence. Le label Sénégal, qui fait tant défaut en ce moment et qui contribue à brouiller l’image de la destination à l’étranger, vit déjà autour de nous, à chaque coin de rue, dans chaque famille sénégalaise. Il suffit d’un supplément d’audace et d’identité assumée pour franchir le pas, et prendre la voie qui fera entendre notre voix unique, Plurielle et métissée du Sénégal.

Ce qui est, en fin de compte, l’art de vivre tout simplement et l’art de vivre ensemble, avec ce miracle sénégalais introuvable ailleurs ; la paix et la stabilité permanente de notre pays. Le Sénégalais, son esprit d’ouverture, son adaptabilité, son sens de l’accueil inégalable, sont un pari sûr. - Pas besoin d’un rapport pour s’en convaincre - Des raisons invoquées par les touristes pour revenir au Sénégal, nous le démontre à suffisance…  Ne serait-il donc pas temps d’assumer ce que nous sommes et le dire de la manière la plus audacieuse qui soit et enfin réécrire le tourisme sénégalais de la plus belle des manières.
Cependant, il est encore difficile aujourd’hui, à l’ère numérique et des services de localisation et de navigation, à un touriste lambda de trouver sa voie au Sénégal. La destination touristique «phare» de l’Afrique de l’Ouest  reste pauvre en signalisation et fatalement médiocre lorsqu’il s’agit d’orienter les touristes d’aventure et de découverte – ils sont de plus en nombreux pour ce genre, à la découverte de notre pays.

C’est exactement la même situation, en pire, que le Sénégal rencontre quand il s’engage sur les autoroutes du tourisme à l’échelle mondial. Chercher sa voie et imposer sa voix est plus qu’une attitude, c’est une posture marketing et une intelligence dans la communication, et c’est devenu une question de survie. L’E-tourisme est un mode de promotion et de réservation incontournable pour les secteurs du tourisme et du voyage. Le Sénégal reste le grand retardataire dans ce domaine, malgré mes alertes continues depuis 2004 à ce jour.
Et si ce constat apporte quelques solutions, il met plus en lumière des pistes de réflexions et d’orientations qu’il y aura lieu d’approfondir avec des études spécifiques. Les perspectives sont suffisamment importantes, j’insiste sur ce point, pour que ce travail soit mené sérieusement, en synergie par les autorités compétentes, politiques, administratives et professionnelles.

Et, il est somme toute réjouissant de constater, que la recherche de l’identité concurrentielle du Sénégal, commence à faire l’objet de réflexions, qui agite nos consciences. Je fais référence aux réunions tenues par le patronat, et par la tutelle, à la suite desquelles deux commissions ont été mise sur pied, pour réfléchir sur la stratégie de promotion et des axes de communications. L’objectif à atteindre est évidemment d’augmenter le chiffre d’affaires des acteurs du Tourisme.

Le tourisme domestique, religieux une alternative à la relance de l’activité touristique et une aubaine pour les agences de voyages.

Cette  décision de l’Etat de restituer l’organisation du pèlerinage (tourisme religieux) au sens technique du terme « outgoing tourism » aux agences de voyages dont le rôle et la spécialité sont consignés dans un décret qui organise la profession d’agent de voyage, est à saluer. Ce désengagement de l’Etat va  permettre à notre pays de développer l’économie touristique via les agences de voyages qui seront assujetti à l’impôt et à la TVA.
Selon l’expert Simon Anholt, dont l’étude qui date de 2009, vient d’être remise au goût du jour, par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et la Commission européenne du tourisme, (CET) résume bien l’enjeu marketing, pour un pays comme le Sénégal, petit par sa taille et avec des ressources financières très limitées. «Il n’a par conséquent jamais été aussi important pour une destination d’élaborer et d’alimenter son identité concurrentielle, ou sa marque pour se faire un chemin. C’est cette réalité marketing qui distingue une destination parmi les autres, et qui fait que l’on s’en souvient.

« La marque se situe au cœur même de la capacité d’une destination à se projeter sur la scène mondiale, à se différencier des autres, et par conséquent à être efficace dans sa compétitivité pour attirer des visiteurs».

Améliorer la rapidité des contrôles transfrontaliers et des aéroports
Faciliter les démarches pour le visa : ce n'est pas le prix qu'il faut remettre en question mais plutôt la forme. Prendre exemple sur d'autres pays, ou le visa se prend en arrivant mais avec 3 minutes d'attente,  prévoir des chariots bagages en livraison des bagages à Dakar, une chasse aux antiquaires, dans les restaurants d'hôtels mieux vaut une carte avec peu de choix, qu'une longue liste, ou finalement rien n’est disponible. Attention aux conducteurs qui n'ont pas le sens du code de la route, c’est une complainte de beaucoup de touristes. C’est vrai nous avons tout pour un tourisme attirant,  l’Afrique, ce qui n’existe nulle part ailleurs, qui attire avec une offre occidentale.

Le Sénégal doit se battre  pour prétendre aux premières places du tourisme Africain, dans le tourisme mondial. Mais attention à l’épidémie Ebola qui est un risque élevé pour le secteur du tourisme et, un dangereux virus pour l'économie. Les voyages et le tourisme au sens large représentent environ 11% de l'économie mondiale, ce qui en fait la principale industrie du monde.
En effet le tourisme, qui représente directement plus de 5% du produit intérieur brut mondial, est aussi à l’origine d’un volume très important d’activité dans de nombreux secteurs qui ne lui sont pas directement liés.

En cas de pandémie, au niveau des secteurs, c'est surtout l'industrie touristique qui sera impactée, mais de manière inégale et progressive : les transporteurs aériens, sont touchés de plein fouet puisqu’ils ont un lien direct avec la croissance du trafic aérien. L'avion est un véhicule de transmission du virus dans la propagation d'une infection d'une partie du monde vers une autre. Vient ensuite les hôtels. L’interruption des liaisons aériennes vers plusieurs pays d’Afrique, ce fait progressivement. Déjà, chez Air France, 80% du personnel navigant refuse les liaisons vers les pays touchés. De telles dispositions auraient un impact énorme et durable sur le tourisme, l’économie et les compagnies aériennes dont le réseau africain est important.

Une autre caractéristique du secteur hôtelier et même du transport aérien, est qu'il ne peut pas stocker sa production, c’est des pertes sèches elles ne récupèrent jamais leurs pertes. Plus globalement, l'absentéisme au travail et la diminution des voyages perturbent aussi la conduite des affaires, et donc la production. Les clients et consommateurs pourraient, eux, décider d'éviter les lieux publics et restreindre leurs envies de tourisme. Il est évident qu'un ralentissement du tourisme mondial a un impact négatif sur l'industrie du luxe et des cosmétiques, notamment par le biais des ventes en boutiques hors taxes dans les aéroports.

La transversalité de l’activité touristique nous appelle a plus de prudence et d’être regardant sur les autres secteurs et les pays voisins transfrontaliers. Cette analyse économique est globale, elle va au-delà du tourisme et du Sénégal.
Les pays actuellement touchés (Guinée, Liberia, Nigéria et Sierra Leone) ainsi que les pays à proximité ont déjà pris certaines mesures concernant les importations et les exportations de matières premières. Les secteurs extractif, minier ou de l'agro-alimentaire vont certainement suspendre leurs activités. Pour ces pays touchés, un impact sensible est à noter sur les matières premières agricoles: 70% du cacao produit dans le monde vient des régions africaines touchées par Ebola.

Le Sénégal a interdit toute importation de produits agricoles en provenance de la Guinée; cette mesure pourrait concerner tous les pays touchés et être adoptée sans doute par de nombreux partenaires commerciaux de ces pays, notamment ceux important de la viande et des produits agricoles. En Guinée, Arcelor Mittal a suspendu les travaux d'expansion d'un gisement de fer. En Sierra Leone, London Mining a fait évacuer une partie de son personnel.
Les objectifs de recettes, fiscales notamment, de l'État ne seraient pas atteints, contribuant ainsi à accentuer les déséquilibres budgétaires et à tenir en échec les programmes de développement tel que le PSE. Ce serait une récession pour des pays déjà pauvres. Pour le Sénégal, le FMI explique que, « Bien qu’un cas d’Ebola ait été détecté au Sénégal, ce patient a été pris en charge et l’impact sur l’économie du pays a été minime. En revanche, les conséquences d’Ebola sur le tourisme pourrait réduire le PIB annuel de 1% ».

La Banque mondiale a signifié mi-septembre que l'impact économique d'Ebola pourrait être «catastrophique» dans les pays foyers de l'épidémie, le facteur « peur » étant actuellement la principale cause qui paralyse l'activité. Les dégâts économiques pourraient s'élever à 32,6 milliards de dollars d'ici la fin de l'année 2015 si l'épidémie devait s'étendre aux pays voisins, notamment les plus grandes économies de la région. Les ministres du tourisme des principales économies mondiales le T20, doivent relever le défi croissant que constitue l'important potentiel économique et social du tourisme pour l'économie mondiale, pour l'emploi et le développement durable.

La Banque mondiale soulignait déjà des risques de crise alimentaire. Selon les calculs de la Banque Mondiale, le PIB cumulé du Liberia, de la Guinée et de la Sierra Leone pourrait être amputé de 359 millions de dollars en 2014 et de 815 millions en 2015 si l'épidémie n'est pas contenue. L’Egypte est désertée, la Tunisie n’arrive pas à se renouveler en profondeur et le Maroc commence à subir la désaffection des touristes, le malheur des uns faisant le bonheur des autres mais le Sénégal peine à profiter de ces avantages et de son  acquit sur la fièvre Ebola.
La croissance économique chuterait alors l'année prochaine de 11,7 points de pourcentage au Liberia et de 8,9 points en Sierra Leone, risquant de faire plonger ces deux pays pauvres en récession.

Dans moins de deux semaines, la saison touristique ouvrira ces portes dans un climat  d'incertitude quant au volume du flux touristique qui caractérisera les fêtes de fin d'année c’est-à-dire la haute saison (le Réveillon et la Saint-Sylvestre) dans cette station balnéaire de Saly Portudal du pays. Une diminution graduelle des touristes étrangers a été enregistrée au cours des dernières années, suite aux nombreux problèmes et pour lequel un conseil interministériel lui a été consacré. A ce jour et à ma connaissance, aucune étude exhaustive n'a été faite sur les répercussions sociales du  désastre sur l’érosion côtière et la fermeture de certains hôtels.
Mais, les lointains contrecoups ont été ressentis à travers les différentes protestations des acteurs contre la situation de chômage et de baisse de niveau de vie. Les autorités de notre tourisme doivent apprendre à mieux appréhender l'importance des contributions directes et indirectes du tourisme à l'économie mondiale et son rôle crucial en faveur de la croissance et de l'emploi pour engager notre pays sur la voie du développement du tourisme.

En dehors de toute considération sécuritaire ou géopolitique, il est nécessaire d’avoir des préalables en matière de développement touristique, certaines orientations semblent se heurter à des problèmes de fond, qui ont un rapport direct avec les politiques sectorielles. Le choix des sites ne se fait pas toujours en accord avec les populations et le secteur privé, et la nature juridique des terrains convoités ou ciblés ne se prête pas toujours à une cession facile. Les terrains propriété publique de l'État, couverts par la loi domaniale qui les déclare insaisissables, imprescriptibles et inaliénables, posent de sérieux et multiples problèmes.
La plus part des investissements privés qui y sont réalisés sont assis sur un contentieux juridique insoluble. Il en est de même des investissements sur ces zones dans des terrains privés sans que cela ne soit autorisé ou leurs propriétaires se soient rapprochés des services compétents de l’Etat.
L’économie touristique forme un ensemble d’éléments, de principes, de règles et de priorités qu’il faut mettre en cohérence avec les réalités variables et variantes du business. Ensuite, la tutelle devra concocter un document de politique transversale qui recense tous les crédits en faveur du tourisme pour élaborer un budget national consacré au secteur du tourisme.

La récession, et encore ?  La réponse reste ambiguë.
Enfin, au niveau le plus macroscopique, la santé de l’économie mondiale ne s’affiche pas au mieux de sa forme. L’Europe ne parvient pas à renouer avec une vraie croissance, et les politiques d’austérité qui ne veulent pas dire leur nom plongent le touriste lambda dans une forme d’incertitude peu rassurante.

C’est une évidence, toutes ces incertitudes qui pèsent désormais sur le tourisme et le transport aérien impacteront sur les prochains mois et probablement toute l’année 2015.

Mouhamed Faouzou DEME


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