Tourisme : le
malheur des uns fait le bonheur des autres
Au Sénégal, le tourisme se conjugue désormais au passé,
pendant que les touristes sont de plus en plus nombreux dans le monde et particulièrement au Cap-Vert,
un archipel encore méconnu par beaucoup. Pourtant le pays pourrait devenir une
des premières destinations touristiques de la sous-région et la future
destination phare du tourisme en Afrique
d’ici à dix ans.
A quelques centaines de kilomètres du Sénégal, la Gambie et
le Cap vert, sont deux pays qui présentent les mêmes aspects climatiques et
naturels, en plus d’une stabilité politique et d’une démocratie à l’image du
Sénégal, qui se positionnent lentement et surement sur la voie de l’émergence
touristique. Leur climat, largement doux et ensoleillé tout au long de l’année,
le Cap-Vert et la Gambie disposent de très nombreuses plages qui bénéficient
encore de l’aspect sauvage, que d’autres pays sur le continent africain, tel
que le Sénégal, ou ailleurs ont perdu. En plus de tout cela, le Cap Vert a l’avantage sur le Sénégal et la Gambie de la
diversité de ses paysages puisque les iles de l’archipel revêtent toutes une
identité particulière, différente l’une des autres, respectant l’environnement.
Cependant, il n’en reste pas moins que le Cap vert, doit tirer les leçons de
mauvaises expériences du Sénégal, en
termes d’aménagements et de programmes immobiliers touristiques à outrances
(résidences, habitats secondaires), etc…
qui à terme peuvent ternir cette belle image du tourisme du Cap Vert.
Au Sénégal, aucun acteur du tourisme n’aurait imaginé,
lorsque nous étions dans l’euphorie de l’an 2000, avec notre boom touristique, il
y a une dizaine d’année ; que des centaines de milliers de touristes, débarquent
aujourd’hui à l’aéroport de Praia ou à Boa Vista. En ce temps-là, nous pensions
que la Gambie et le Cap Vert devaient s’adosser sur notre tourisme, via nos
circuits inter Etat, pour faire un peu de tourisme. Pourtant, force est de
constater que les temps ont bien changé, sur la Gambie et les îles du Cap-Vert.
Ces deux pays à l’image du Sénégal, (le nôtre vient de trouver du pétrole au
large de ses côtes) ne disposent pas de richesses minières ou d’hydrocarbures.
Ces pays ont longtemps été en proie aux difficultés économiques, et très
largement aidé par la communauté internationale. Il faut noter que sur le plan
de la coopération technique, le Sénégal joue un rôle de premier rang dans tous
les domaines de la vie économique de ces deux pays.
Mais aujourd’hui, ils sont devenus un des symboles de la
bonne utilisation des fonds internationaux pour le développement économique, et
les autorités de ces pays ont massivement investi dans les infrastructures
touristiques, ces dernières années et le résultat est visible. Cette confiance
et la stabilité politique, attire
désormais les investisseurs, et le Cap-Vert représente à ce jour une valeur
sûre du tourisme de demain. Si l’ancienne colonie portugaise, ne peut pas faire
de l’ombre pour l’instant au Sénégal, la conjonction d’efforts, de la Gambie et
du Cap-Vert pourrait néanmoins affaiblir le rayonnement du tourisme sénégalais,
et faire du Cap Vert, la destination phare du continent dans la sous-région d’ici quelques années. Ce
sera une véritable revanche pour ces petits pays, restés longtemps en marge des
pays du tourisme, qui partagent avec le
Sénégal le même espace CEDEAO, UEMOA et les mêmes marchés émetteurs de
touristes, ou le Sénégal va bâtir un nouveau tourisme basé sur le rêve,
l'insolite et l'émotion.
Pour Praia, il faut
adosser son développement au tourisme : Le but principal de Praia est de favoriser le
développement économique en s’appuyant sur les secteurs clés du tourisme. Si
pendant très longtemps la pêche a été un des moteurs économiques, bien que
rapportant un peu, le tourisme apparaît aujourd’hui comme une véritable
locomotive. Des investissements de taille ont été consentis et le pays est à ce
jour une destination de plus en plus prisée par les européens. Ils sont près de
1 000 à débarquer quotidiennement dans le pays tout au long de l’année, il n’y
a pas de saisonnalité. Et ce n’est pas suffisant notent les acteurs, puisque
les autorités entendent bien multiplier par trois le nombre de touristes d’ici
quelques années, pour atteindre 1,5
millions à 2 millions de touristes.
Et pour le Sénégal, nous devons arrêter notre illusion du
tourisme. Le gouvernement pour faire
face, devra être très courageux et froidement assainir ce secteur. Le remettre à plat et instaurer une politique
saine, transparente, rigoureuse, en mettant à la fois, les moyens, les hommes
et femmes qu’il faut à la place qu’il faut. Certains diront que cela est
suicidaire pour un Etat, mais, non ! Il faut une amnistie fiscale totale, un lavage
à grande eau, des hommes et des femmes nouveaux, des idées nouvelles, basée sur
l’expertise, la compétence, le sérieux, la confiance, le respect des règles,
des textes et lois, la droiture, le
contrôle et la reddition des comptes périodiquement. L’obligation de résultats
doit être la règle, dans les secteurs productifs. En pleine saison touristique
les taux d’occupations et de réservations font à la fois pitiés et honte. Moins
de 22% là où la moyenne, à la même
période était de 65%. Une station désertée, ou les clubs de vacances comme
FRAM, NOUVELLE FRONTIERE, MARMARA, TUI, etc… tournent avec le tiers de leurs
effectifs. Que dire des autres qui ne sont pas sous enseigne et qui profitaient
du trop-plein des autres. La situation est simplement alarmante !
Il faut entamer la politique de décentralisation du tourisme,
seul moyen de réussite de gestion communautaire du tourisme à la base, avec la
création d’offices de tourisme communautaire. L'office communautaire, aura le statut d'une association de la loi
1901, et sera chargé de l'accueil, de
l'information et la coordination au plan événementiel et touristique
dans les communes. Cet office fera du soutien à l'animation touristique, il
commercialisera les produits touristiques du terroir et sera associé à
l'élaboration de la politique de promotion touristique. La commission économie
qui viabilise les zones, doit être une commission composée des acteurs et des
populations, en plus des démembrements de l’Etat et de la tutelle. Les familles
qui quittent la commune parce qu'il n'y a pas de travail, reviendront parce que
l’'économie est quelque chose d'importante pour l’existence et la survie des
communes. L’intercommunalité viendra
jouer un rôle fédérateur pour mutualiser toutes les potentialités de la région,
afin de donner une meilleure visibilité aux produits et aux communes.
Les élus, tous nos élus devraient être sensibilisés à la
valeur numérique de l’économie du tourisme, et à ses effets positifs et stabilisateurs pour l’exode et la
création de richesses pour les communes. Ensuite créer une alliance des maires
de villes touristiques de la sous-région pour partager des expériences en
matière de gestion du tourisme, car le tourisme est un pourvoyeur d’emplois directs
et indirects. Voilà donc quelques mesures d’urgences et des idées sur le plan
de la gouvernance et de la sensibilisation qu’il faudra prendre.
Il faut également que le ministère de l’économie et des
finances cesse de prendre des mesures sans aux préalables impliquer le secteur
privé, les experts, et les acteurs du tourisme, qui sont sur le terrain de la
réalité et non simplement, ceux qui sont enfermés dans les bureaux, les
papiers, et la théorie des décisions administratives. Cela sans aucune conformité avec le réel vécu, de
l’activité touristique dans sa grande
majorité. L’affirmation de Diamniadio comme métropole devra impulser un
dynamisme nouveau et donner une vision de la
requalification Saly Portudal. Désormais dans sa proximité avec
Diamniadio, Saly Portudal ouvre de nouveaux débats et de nouvelles perspectives
pour un autre type de tourisme plus adapté à son contexte.
Acteurs du tourisme, notre tourisme ne suit ni la marche de
l’histoire de l’industrie touristique et ces (r)évolutions, qui bousculent son
management et ses décideurs, face à la raréfaction de l’argent public ; ni
à la mondialisation qui voudrait que nous soyons au même niveau que les autres,
pour entrer dans la compétition. Il ne faudrait pas que nos gouvernants nous opposent des logiques politiques et administratives face aux logiques de
l’économie touristiques. Au contraire, il faut faire valider et accélérer la
réforme des transferts de compétences territoriales du tourisme et l’adosser à
la formation de tous les élus. Plus d’autonomie aux territoires et aux Entreprises
touristiques pour créer de la richesse.
Mouhamed Faouzou Dème.
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