Accéder au contenu principal

Alerte pour le tourisme et aux agents de voyages edition walf 2005

Alerte pour le tourisme et aux agents de voyages

Le secteur économique du tourisme est extrêmement tributaire d’événements imprévisibles, tant au niveau national (stabilité politique, économique) qu’au niveau international (attentats, épidémies, crise économique).
Au cours des deux voire trois prochaines années, le Sénégal va organiser des élections, législative puis présidentielle. Ces préparatifs mettent souvent les pays réceptifs de tourisme dans un état de stand-by, dû à beaucoup de facteurs imprévisibles. On se rappelle de l’an 2000, où les résultats du tourisme sénégalais avaient atteint un niveau très bas.
Nous avions espéré un rebondissement de l’activité touristique après ces élections (où le Sénégal avait donné au monde entier, une leçon de transparence, de paix et de démocratie), que notre tourisme serait au rendez-vous de nos espoirs, mais hélas !
Cette année, nous craignons que les préparations aux prochaines élections de 2006 et 2007, ne viennent définitivement mettre à genoux, cette activité de tourisme, dont un segment important risque de disparaître, si l’on n’y prend garde ; et s’y ajoute le problème de choléra qui sévit actuellement, en cette période de haute saison.
Depuis quelques années, la profession d’agent de voyages sentait venir cette mutation et devait se préparer pour faire face à la concurrence toujours croissante d’Internet, revoir sa politique de croissance et de rémunération pour l’adapter à celle des compagnies aériennes, qui ont décidé de supprimer la commission des agents de voyages, qui doivent encore accroître leur rentabilité pour faire face aux aléas conjoncturels, par l’apport de nouvelles activités à valeur ajoutée qui puissent compenser la perte au niveau des commissions, en plus de relever les défis technologiques qui s’imposent à leur environnement.
Ceci est obligatoire voire indispensable, si l’agent de voyages souhaite se maintenir, ce qui oblige l’Etat, les pouvoirs publics et les établissements bancaires, à revoir leur copie, les textes et règlements, en envisageant un nouveau partenariat dynamique permettant aux agents de voyages de passer cette étape difficile, qui n’est pas une reconversion, mais plutôt une diversification de leurs activités.
Un crédit taillé sur mesure et une banque commerciale qui connaît bien les problématiques et les défis du nouveau tourisme, pour proposer au secteur du voyage, un ensemble de solutions adaptées et répondre à la situation actuelle posée par ces profondes mutations.
Ainsi, l’octroi de prêts à moyen et long terme, de crédit-bail immobilier et mobilier, de l’accompagnement au crédit fournisseurs, au découvert bancaire, est plus que nécessaire.
Des solutions et des propositions ne manquent pas, surtout dans le domaine des services de télécommunications, où l’agent de voyages peut à la fois, offrir des services de voyages mais également des services de téléphonie sur Internet, de vente de cartes téléphoniques prépayées, ainsi que la vente de coupons d’assurances voyage, dont l’exclusivité doit leur revenir, de journaux et de magazines, de vente de cigarettes, de souvenirs, d’articles de parfumerie.
Et en redynamisant l’activité d’organisation de conférences, de séminaires, de colonies de vacances, d’excursion etc... et tant et tant d’autres activités commerciales, compatibles avec son environnement et les besoins de la même clientèle, que l’agent de voyages est prêt à accepter et à exercer, si l’autorité lui en donne l’occasion. On assistera à une nouvelle forme d’agent de voyages qui à la fois, conseille, propose et vend aux touristes et voyageurs, des produits de qualité qui assurent le plaisir et la sécurité.
On pourrait retrouver sur le marché, des agences de voyages doublées de galeries d’art ou de parfumerie, de tabacs, de téléservices, de taxiphone, de cybercafé, d’activité de change et de salon de coiffure.
Maintenant, la question de la caution de l’IATA va se poser, ainsi que la notion de responsabilité de l’agent de voyages vis-à-vis de son client et par rapport à la compagnie aérienne, et aux tours opérateurs, ainsi que les autorisations liées à l’activité de bureau de change.
Il est certain que nous devons aller vers l’élaboration d’un nouveau statut et d’une nouvelle réglementation de l’activité de l’agent de voyages, pour sécuriser davantage la profession, mais aussi lui donner une chance pour saisir les nouvelles opportunités créées par Internet, pour aller à la conquête de tous marchés potentiels pouvant lui garantir des gains et des parts de marchés à travers le monde.
Le syndicat des agents de voyages, qui brille par son silence et sa monotonie, doit profiter de ces mutations pour organiser une grande rencontre, une concertation qui devra aboutir sur des conclusions et à des recommandations, qu’il faudra remettre à l’autorité de tutelle pour qu’ensemble, nous traversions tous ces moments difficiles à venir, et pour lesquels il faudra donner une place importante aux femmes du secteur du tourisme, qui sont dynamiques, entreprenantes, et capables d’assurer et d’assumer le destin de la profession d’agent de voyages et du secteur en particulier, vers des changements positifs.
Je lance un appel à toutes les femmes du secteur, afin qu’elles se montrent plus déterminées que jamais et engagées à relever les défis que sont la compétitivité, la qualité totale du service et l’innovation, pour que survive le métier du voyage, qui se distingue aujourd’hui dans un marché physique et un marché virtuel, dont l’évolution vers un concept de « méta marché », semble guider le choix du consommateur vers un seul interlocuteur. « Méta marché » est un ensemble de produits et services complémentaires, qui sont liés dans l’esprit du consommateur, et qui peuvent être négociés auprès d’un seul interlocuteur.
Dans l’industrie touristique, l’agent de voyages joue le rôle du détaillant ; c’est un rôle spécifique dans la distribution du produit touristique. Il est la source d’information et de conseil pour le client ; il arrive même à influencer son choix sur la destination. C’est cette influence de l’agent, qui rend le segment tourisme dans les pays émetteurs très important, en dehors de la billetterie. L’agent peut faire du tourisme en solo, ou à partir d’un réseau, pour commercialiser l’offre de tours opérateurs. Ce qui semble ne pas être le cas pour les pays récepteurs, comme le SEN EGAL, où il devrait y avoir autant d’activités d’agences réceptives que d’agences de voyages, car en réalité, l’agent réceptif n’est pas un détaillant, il peut ne pas vendre de la billetterie ; son activité de production intègre, sur le plan local, différents services touristiques (hôtel, restauration, excursions, transport local, assistance aéroport etc...), sous la forme d’un forfait qui est vendu aux producteurs de voyages. Ceux-là reprennent l’offre en y ajoutant le volet aérien, puis revendu par leur propre réseau ou les réseaux d’agents de voyages du pays émetteur.
Cela nous amène à réfléchir et à revoir notre stratégie et politique touristique du moment, qui n’est malheureusement pas en adéquation avec notre position de pays récepteur.
La mesure de la commission zéro ne devrait pas trop nous toucher, si nous mettons en valeur nos compétences, notre savoir-faire. En ajoutant quelques services annexes compatibles, ce mouvement de commission zéro aura fait plus de peur que de mal. Il reste cependant fondamental que cette option ne peut prospérer que dans la mesure où les hôtels, les autocars, sont sous le contrôle et la maîtrise des professionnels sénégalais ; ainsi, l’éternelle question ! ou handicap de notre tourisme se pose, non pas sans trouver de solutions, mais par un manque de visions de moyens et de volonté politique.
Au-delà de cet aspect du problème des commissions, qui seront étendues plus tard aux loueurs de véhicules, aux hôteliers et aux tours opérateurs, c’est notre tourisme qui est malade ; malade parce que ceux qui doivent le vendre ne le vendent pas, malade aussi parce que la facilité avec laquelle le touriste doit accéder à notre produit et en jouir est absente. Cette accessibilité du produit à travers le réseau de distribution et de vente, n’est pas maîtrisée, et une distinction particulière d’une extrême importance est souvent négligée par méconnaissance ; il s’agit de la sélection des canaux de distribution et de la gestion des intermédiaires, qui subissent à la fois l’influence des nouvelles technologies de l’information (e-tourisme, e-commerce), et celle d’une concurrence de plus en plus intense, qui doit faire appel à beaucoup de vigilance sur la qualité des services, de l’information, et à une stratégie marketing ouverte sur le portail du e-tourisme, à travers un site Internet de qualité, fiable et répondant à la demande des internautes, et qui favorise un retour positif de notre tourisme, qui, rappelons-le, oscille toujours entre cinq cent mille et sept cent mille touristes par an.

MOUHAMED FAOUZOU DEME

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Taxe de séjour et promotion touristique

La Loi n° 2012-04 du 3 janvier 2012 Loi n° 2012-04 du 3 janvier 2012 abrogeant et remplaçant l’article 2 de la loi n° 98-55 du 31 décembre 1998 portant augmentation du tarif de la taxe de promotion touristique Expose des Motifs Le tourisme constitue un moteur de croissance économique en tant qu’outil de mobilité d’échange de biens et activités créatrices de richesses qui génèrent des retombées pour le tissu économique national et local. La présente Loi est proposée dans le cadre de la mise en œuvre des priorités de l’action de développement touristique initiée par les pouvoirs publiques dont notamment l’intensification de la promotion touristique et le renforcement de la compétitivité de la Destination Sénégal. Le diagnostic du secteur a mis en exergue l’insuffisance des moyens financiers disponibles pour assurer une bonne promotion touristique gage d’une croissance de flux touristiques pour atteindre l’objectif de 1 500 000 touristes à l’horizon 2015. Ainsi, le Gouvernem...

La Taxe de promotion Touristique

La Loi n° 2012-04 du 3 janvier 2012 Loi n° 2012-04 du 3 janvier 2012 abrogeant et remplaçant l’article 2 de la loi n° 98-55 du 31 décembre 1998 portant augmentation du tarif de la taxe de promotion touristique Expose des Motifs Le tourisme constitue un moteur de croissance économique en tant qu’outil de mobilité d’échange de biens et activités créatrices de richesses qui génèrent des retombées pour le tissu économique national et local. La présente Loi est proposée dans le cadre de la mise en œuvre des priorités de l’action de développement touristique initiée par les pouvoirs publiques dont notamment l’intensification de la promotion touristique et le renforcement de la compétitivité de la Destination Sénégal. Le diagnostic du secteur a mis en exergue l’insuffisance des moyens financiers disponibles pour assurer une bonne promotion touristique gage d’une croissance de flux touristiques pour atteindre l’objectif de 1 500 000 touristes à l’horizon 2015. Ainsi, le Gouvernem...

Transfert des compétences du tourisme aux collectivités

Les compétences transférables du tourisme comme passerelles entre collectivité et pouvoir central Le transfert de compétence du tourisme au Sénégal c’est d’abord une question d’attractivité des zones dénommées « destinations » touristiques. Ainsi quelles stratégies d’organisation territoriale pour le tourisme est une question primordiale. Quel cadre de réalisation pour la mobilité touristique ? Les compétences peuvent aussi être divisées en fonction du type de compétences générales. Elles sont divisées en compétences techniques et compétences non techniques. Les compétences non techniques ont généralement plus à voir avec l’organisation administrative. Les compétences transférables en général sont tout simplement des compétences qui ne sont pas spécifiques à un type particulier de travail. Or le tourisme est un domaine technique et transversal. Que faut-il transférer ? Les communes ont acquis une autonomie de décision et une liberté de conception dans l’élaboration des documents r...