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Lu pour vous dans walf du 20 juillet 2004

Un secteur extraverti mis à genoux par des expatriés.

Le Sénégal est loin des réalités qui combinent sécurité, confort et rentabilité en matière de tourisme. Dans un document intitulé Le tourisme sénégalais vu par un professionnel du secteur privé remis au président de la République et au ministre de tutelle, Mouhamed Faouzou Dème n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour faire un diagnostic sans complaisance de la situation qui prévaut aujourd’hui dans le secteur du tourisme.
Le secteur du tourisme est extraverti et le gouvernement doit accepter de faire des sacrifices pour renverser la tendance qui consiste à faire en sorte que l’essentiel des activités soit entre les mains de nationaux. Tel est le diagnostic fait par Mouhamed Faouzou Dème, spécialiste du e-tourisme, des questions de marketing et de promotion, par ailleurs directeur général de Maison du Sénégal, administrateur provisoire de l’hôtel Savana Koumba. Selon lui, la situation du secteur n’a guère évolué. “Nous avons salué par le passé, les performances de notre tourisme, car c’était une destination nouvelle, un soleil d’hiver pour les Européens amateurs de balnéaire et de farniente, un produit nouveau alors, mais qui a atteint ses limites à force d’usure dans un contexte mondial favorisé par de gros moyens, une diversification de l’offre, ainsi que la montée du e-tourisme, qui ont poussé notre tourisme vers la médiocrité. Un secteur longtemps détenu par des expatriés qui ont eux-mêmes fini d’amortir leurs investissements et préféré saborder la destination, plutôt que de céder leurs fonds de commerce aux personnels qui ont consenti tous les efforts louables pour enrichir ceux-là mêmes qui ont mis le tourisme à genoux”, déplore Mouhamed Faouzou Dème.
Selon l’auteur du document intitulé Le tourisme sénégalais vu par un professionnel du secteur privé Saly Portudal, jadis un environnement où il faisait bon vivre, où régnaient un calme et une paix qui faisaient rêver, est aujourd’hui entouré et envahi de structures et de personnes qui n’y ont ni leur place, ni leur raison d’être (résidences, villas, appartements commerces, etc. qui hantent et perturbent le sommeil de centaines d’exploitants et de touristes qui ne savent plus ou aller). “Alors, nous demandons aux autorités de faire le ménage et, à l’avenir, d’être vigilant et pragmatique. Le temps est venu pour que les autorités comprennent, car les professionnels eux, ont compris que le temps ne les attend jamais.” Dans sa “modeste” contribution, le spécialiste du e-tourisme, du marketing et de la promotion touristiques, propose une des “multiples” voies à suivre pour sauver le tourisme. Pour le directeur de Maison du Sénégal, l’heure de la mobilisation de toutes les forces du pays a sonné, afin de communiquer sur l’industrie touristique, qui est un fort potentiel de croissance, un pilier de taille sur lequel repose une partie de notre économie; au regard du volume important de devises, du nombre appréciable de postes d’emplois directs et indirects, des incidences sur les autres secteurs tels que l’agriculture, la pêche, le bâtiment, le transport, l’artisanat, et autres services consommés, tels que l’eau, l’électricité, le téléphone etc.… “L’Etat, par devoir et par respect envers ces milliers de personnes qui y travaillent, doit faire preuve de considération, afin d’apporter les réformes et les correctifs nécessaires au secteur du tourisme pour lui donner toutes les chances de réaliser des performances à même de favoriser la croissance économique dans le pays.” La conviction de Mouhamed Faouzou Dème est que notre tourisme n’est pas malade, on lui en demande trop. “L’Etat n’a pas mis de moyens, et ses infrastructures sanitaires, routières, sont inadaptées et inadéquates. A cela s’ajoutent une absence de politique de transport aérien, une promotion insuffisante et mal répartie et une politique de communication dépassée et souvent mal comprise.” De nos jours, la concurrence qui existe sur le marché du tourisme accroît l’importance du marketing au sein des organismes et activités touristiques, qui recommande une étude et une connaissance exacte des méthodologies et concept marketing, capables de nous orienter vers les voies les meilleures pour une gestion rigoureuse du tourisme sénégalais. “Certes, le tourisme sénégalais nous a séduits par le passé, mais ce qui s’est passé depuis 2000 à nos jours montre combien le tourisme est une activité complexe, qui se développe et qui évolue. Il est très sensible à ce qui se dit et se passe dans le monde, ce qui demande de la part des autorités, une grande vigilance et une bonne politique de communication et de marketing, tout en saisissant les événements exceptionnels tels que le football mondial, les jeux d’athlétisme, etc.” Le choix des événements sportifs en Europe et dans le monde (courses hippiques, pétanque, tennis, football, le rallye Paris-Dakar) peut participer à mieux vendre la destination. ”Il faut rebâtir le tourisme en partant d’éléments nouveaux et tenant compte de l’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication, qui sont en phase de modifier complètement les comportements et les habitudes des consommateurs, qui n’achètent plus une destination, mais un prix d’abord, ensuite les activités de loisirs et les visites, pour peu que le pays se situe à quelques heures sans décalage horaire de leurs pays, et le tour est joué.”
Le produit balnéaire est saturé et concurrencé. Pire, les infrastructures existantes ne sont pas conformes à la qualité de service, d’environnement, de détente, etc., qui doivent accompagner le balnéaire. Le Sénégal a tout son potentiel de base et qu’il faut mettre les hommes, les moyens qu’il faut, là où il faut, quand il le faut. Partir avec des produits différents, variés et spécifiques au Sénégal. “L’Etat doit donner aux opérateurs, hommes d’affaires, commerçants et créateurs de richesses, les outils indispensables au développement des affaires et de se concerter de manière constante et transparente avec les vrais professionnels d’affaires.”

Par : Johnson MBENGUE
WALFADJRI - L'AURORE 20.07.2004

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