OUSMANE MASSECK NDIAYE, MINISTRE DU TOURISME : «Notre objectif : 1 500 000 touristes en 2010»
Article publié dans l'édition du Lundi 22 décembre 2003 du Soleil
Nommé à la tête du ministère du Tourisme rouvert en juillet 2001, Ousmane Masseck Ndiaye décline les nouvelles ambitions d’un secteur en passe d’être reconnu parmi les leviers de l’économie nationale sénégalaise par sa contribution au PIB et dans la lutte contre la pauvreté. Mais, l’objectif assigné pour 2010, soit 1,5 à 2 millions de touristes, suppose un ensemble de mesures hardies allant de l’assainissement du secteur au défrichage de nouvelles zones, sans oublier la mise en place des infrastructures. Le ministre en a révélé les principales lignes de force lors du lancement de la saison 2003-2004 à Saint-Louis sur le thème du tourisme durable.
OBJECTIF REORGANISATION
Nous avons un objectif clair : en l’an 2010, nous devons atteindre 1500 000 touristes. Or, nous sommes actuellement à 19 200 lits. Si on n’augmente pas cette capacité en lits, on ne pourra pas accueillir les touristes. Dans la planification, en l’an 2010 il est prévu 50 000 lits. La question est de savoir dans quelle zone on va les accueillir? C’est pourquoi il faut diversifier les zones à vocations touristiques. Ce sont des questions qui sont un peu liées. Le Sénégal a des zones à vocation touristique. C’est la raison pour laquelle au niveau de Saint-Louis, on a un seul chef de service régional qui coiffe 3 régions : Louga, Matam et Saint-Louis. Et ce n’est pas à l’Etat de construire des réceptifs, mais de créer les conditions d’accessibilité pour permettre aux futurs promoteurs de trouver un plan d’aménagement, des routes, l’électricité, le téléphone. Qu’on sache, ensuite, que dans cette zone, il y a une capacité d’accueil de tant de lits, tant de chambres. Donc avec l’objectif que nous nous sommes fixé pour l’an 2010, nous savons précisément qu’actuellement, nous serons à 670 voire 700 000 touristes en fin 2003, si la tendance se maintient. Les statistiques du ministère sont parfaitement maîtrisées. Nous sommes même en train de changer les fiches de débarquement à l’aéroport, pour une meilleure maîtrise de nos données. Je peux vous assurer qu’il y a actuellement un travail qui est en train d’être mené avec la coopération française dans le cadre de la réorganisation du ministère pour affiner les données statistiques, mais aussi pour mettre en place une direction de la planification. Ces nouvelles données vont être bientôt publiées et seront accessibles à tous.
Carte touristique et agenda culturel
La carte touristique du Sénégal est maintenant disponible. Où que vous descendiez, vous pouvez la consulter pour voir quelles sont les zones à vocation touristique. Mais les zones connues sont le Sud et Saly. C’est justement une des raisons de ma visite dans la région de Saint-Louis pour montrer que nous avons d’autres potentialités non exploitées. Il nous faut aller vers ces régions montrer à l’opinion internationale nos potentialités et bâtir un plan de communication pour qu’on sache à l’extérieur que le Sénégal, ce n’est pas uniquement le balnéaire, qu’il y a l’éco-tourisme, le culturel, la chasse, la pêche sportive et le golf. Avec la diversification des produits, nous sommes sûrs de développer un tourisme haut de gamme et un tourisme d’affaires. Il appartient à l’Etat d’accompagner les professionnels qui ont l’obligation de promouvoir la destination régionale avec des offres complètes et de fidéliser leur clientèle. Il reste, s’agissant des manifestations, qu’il faut aussi avoir un agenda culturel pour l’ensemble du Sénégal afin que nos les ministères du Tourisme et de la Culture puissent le mettre à la disposition de tous ceux qui veulent venir au Sénégal. Il s’agira de maîtriser toutes les manifestations culturelles organisées chez nous. Saint-Louis et la diversification Il nous fallait, après Ziguinchor, Cap Skiring, Tambacounda où nous avons lancé l’année internationale de l’éco-tourisme, choisir une ville et une région. Pourquoi Saint-Louis? Saint-Louis avec son histoire, sa place dans les arts, sa position dans le cadre de la diversification de nos produits, avec l’île classée patrimoine mondial de l’Unesco, est une destination à promouvoir et, à travers la destination régionale, la destination du Sénégal. C’est une raison fondamentale pour montrer, d’abord, le produit culturel et, au-delà, montrer qu’il y a d’autres produits qu’on peut exporter comme l’éco-tourisme. On doit aussi créer pas les conditions de faire du balnéaire, par exemple, avec ceux qui sont installés sur la langue de Barbarie. Il faudrait la volonté politique et celle des acteurs pour qu’ensemble nous puissions voir plusieurs produits dans la région de Saint-Louis. Il ne s’agit pas seulement de la ville, mais de toute la région. Ce qui justifie notre déplacement à l’intérieur, parce que la présence d’un conseiller technique français et le financement par la coopération française de la réhabilitation du patrimoine culturel justifient aussi que nous saisissions cette occasion pour rendre plus visibles nos actions dans la région. Le gouvernement a donc décidé l’ancrage du tourisme dans la région de Saint-Louis. Mais, d’une manière générale, nous voulons développer toutes les zones à vocation touristique actuelles. Nous avons aussi l’ambition, dans la nouvelle politique, d’ouvrir d’autres zones à vocation touristique. Pour cela, nous avons déjà discuté au niveau de la Sapco sur les aménagements à Ndayane et Pointe Sarène où les études vont démarrer bientôt. Nous sommes en train de réfléchir sur un plan d’action pour les autres zones à aménager. Toutes les zones identifiées seront délimitées, immatriculées au nom de l’Etat, et c’est à partir de ce moment-là qu’on pourra les sécuriser afin d’éviter l’anarchie qui règne dans certaines zones à vocation touristique.
La Maison du Sénégal
Que ce soit la Maison du Sénégal ou l’Office du tourisme, peu importe. L’essentiel, c’est le contenu. Une volonté a été clairement affichée lors des journées de concertations de mars 2002 pour la mise en place d’une Maison du Sénégal. Je ne sais pas comment on en est arrivé à cette appellation. Mais, à l’heure où je vous parle, tous les ministres doivent avoir reçu un dossier venant du ministère, par l’intermédiaire du secrétariat général du gouvernement, parlant de l’Agence de promotion touristique. Quel que soit le nom, cette structure sera chargée désormais de promouvoir la destination du Sénégal en association avec les professionnels du secteur. Il n’appartiendra pas uniquement à l’Etat de le faire, parce que le développement du tourisme se fait toujours avec les professionnels. Ce qui est important, c’est le contenu. Cette Maison du Sénégal (ou agence ou office) verra le jour très bientôt. Tout dépend des procédures qui prendront environ deux mois. *Tourisme durable et implication des collectivités Quand on parle de développement d’un tourisme durable, il est évident que les collectivités locales, les communes ont un rôle à jouer. Il y a des choses qui relèvent de leurs compétences. Cette collaboration que nous voulons avec les collectivités locales permettra aux populations d’en être les principaux bénéficiaires.
ASSAINISSEMENT DU SECTEUR
La concurrence déloyale dans l’hôtellerie Devant la concurrence déloyale dénoncée par les hôteliers, j’ai été le premier à parler de réorganisation et d’assainissement du secteur. Mais le problème fondamental identifié est une absence de réglementation de l’hôtellerie. J’ai demandé, par écrit, à tous les acteurs concernés la régularisation de tous les établissements sur le territoire national. Au lendemain de ma nomination, je n’ai pas trouvé un seul texte qui organise le secteur. Chaque Sénégalais avait la liberté d’écrire au ministère de l’Intérieur pour lui demander une licence de débit de boissons. Juridiquement, je n’ai pas le droit de fermer ceux qui fonctionnent sur cette base. Aujourd’hui, vous avez dans les circuits d’approbation tous les textes portant réorganisation du département et du secteur. Aucun Sénégalais et aucun étranger désormais ne pourra ouvrir un hôtel au Sénégal sans une autorisation du ministère, après une enquête de moralité. Les textes seront approuvés très bientôt. Cela est valable pour tous et l’on ne parlera même pas d’hôtels, mais de réceptifs hôteliers. Le ministère a une lettre de mission très précise. Au-delà de l’existence d’une Direction qui s’occupe de professions et activités touristiques, on ne travaillera pas uniquement sur la base de normes établies. Parce que derrière cette question liée à la concurrence déloyale, il y a la qualité des produits afin que le Sénégal soit véritablement un pays de référence. La situation des enfants L’Etat du Sénégal va appliquer les recommandations issues de la Conférence sur l’exploitation sexuelle des enfants en Afrique. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) avait choisi notre pays pour organiser cette rencontre. Les recommandations de ce séminaire ont été approuvées par le Secrétariat général de l’OMT. L’Etat du Sénégal a approuvé la semaine dernière (début du mois de décembre), par le biais du chef de l’Etat, ces recommandations. Nous allons les appliquer sur l’ensemble du territoire national. Mais cela se fera d’abord dans le texte réglementaire qui va être approuvé pour réorganiser tous les réceptifs hôteliers. L’obligation sera faite à tous les acteurs de veiller sur ce phénomène dans les zones à vocation touristique. La police touristique, qui va être installée très bientôt, aura aussi pour mission d’y veiller. Il s’agira non seulement d’arrêter et de condamner tous les auteurs, mais aussi de procéder et de demander la fermeture des réceptifs qui ne respecteront pas ces dispositions réglementaires. Il n’est pas question que ce fléau, qui gangrène actuellement le monde, s’exporte au Sénégal. On ne l’acceptera pas. Sur ce plan, le chef de l’Etat est très clair et nous veillerons à l’application de ses directives. Le ministère de l’Intérieur est conscient des problèmes que nous avons pour éradiquer ce fléau et j’ai demandé que la Brigade des mœurs fasse son travail, que la police touristique fasse son travail. Ensemble, nous pourrons régler beaucoup de problèmes. Et il n’y a pas d’exception entre Saint-Louis et d’autres zones. Il n’y a pas deux politiques touristiques. Je veillerai personnellement dans toutes les zones à vocation touristique sur l’application stricte de la nouvelle politique touristique. Après Saint-Louis, j’irai avec ma délégation à Saly. Toutes les mesures appropriées seront prises. Que cela soit clair en direction de ceux-là qui ont des réceptifs hôteliers, qui ont des villas et qui font de la para-hôtellerie : nous mettrons fin aux pratiques inacceptables dans ces résidences, cette saison. Que ceux qui sont protégés sachent que la récréation est terminée.
Le tourisme sexuel
Nous avons, pendant deux ans, fait le diagnostic du secteur. Nous sommes maintenant dans une phase d’application de nouvelles politiques. Nous devons être en mesure d’assainir le secteur touristique et de faire en sorte que la destination du Sénégal soit celle d’un pays émergent. Nous devons être vigilants sur tout, veiller aux intérêts du pays et veiller à ce que les retombées du tourisme soient profitables au Sénégal. Comme je l’ai déjà dit à l’Organisation mondiale du tourisme, le Sénégal n’est pas et ne sera pas une destination du tourisme sexuel. Il faut qu’on s’entende sur la définition. Parce qu’une destination de tourisme sexuel suppose qu’à partir du marché fournisseur, vous puissiez affréter un avion avec des gens qui viennent pour satisfaire un besoin, comme pour faire du golf, de la pêche ou autre chose. Faisons la différence entre la prostitution et le tourisme sexuel. De même, l’exploitation des enfants, ce ne sont pas les touristes uniquement qui le font. C’est un fléau que nous devons tous combattre. Au Sénégal, nous avons tous l’obligation de veiller à ce que dans les réceptifs hôteliers ou aux environs, le tourisme sain commence par la protection des populations. Qu’on ne laisse pas n’importe qui y faire n’importe quoi. Nous disposons justement de la Charte du tourisme qui est un engagement des professionnels pour la protection de l’environnement et le développement d’un tourisme sain.
SUR LA DESSERTE AERIENNE
Le transport aérien accompagne le développement du tourisme dans tous les pays du monde. En effet, quelle que soit la politique de communication, la participation aux salons, aux foires, si nous n’avons pas de compagnies aériennes et des partenaires pour affréter des avions, le problème restera entier. C’est dire donc que le transport aérien occupe une place extrêmement importante dans le développement du tourisme au Sénégal. Il y a bien sûr la route. Mais en matière d’accueil, il faut créer les conditions d’accessibilité par voie aérienne pour les touristes qui choisissent de visiter le Sénégal. Nous souhaitons, dans le cadre de la diversification des produits, que des vols directs de ces pays puissent desservir le Sénégal. Le ministère du Tourisme a pour mission principale de promouvoir la destination du Sénégal. La promotion touristique, c’est un tout. C’est la participation à des salons, mais aussi créer des conditions favorables pour attirer le maximum de touristes au Sénégal.
FARA SAMBE
Article publié dans l'édition du Lundi 22 décembre 2003 du Soleil
Nommé à la tête du ministère du Tourisme rouvert en juillet 2001, Ousmane Masseck Ndiaye décline les nouvelles ambitions d’un secteur en passe d’être reconnu parmi les leviers de l’économie nationale sénégalaise par sa contribution au PIB et dans la lutte contre la pauvreté. Mais, l’objectif assigné pour 2010, soit 1,5 à 2 millions de touristes, suppose un ensemble de mesures hardies allant de l’assainissement du secteur au défrichage de nouvelles zones, sans oublier la mise en place des infrastructures. Le ministre en a révélé les principales lignes de force lors du lancement de la saison 2003-2004 à Saint-Louis sur le thème du tourisme durable.
OBJECTIF REORGANISATION
Nous avons un objectif clair : en l’an 2010, nous devons atteindre 1500 000 touristes. Or, nous sommes actuellement à 19 200 lits. Si on n’augmente pas cette capacité en lits, on ne pourra pas accueillir les touristes. Dans la planification, en l’an 2010 il est prévu 50 000 lits. La question est de savoir dans quelle zone on va les accueillir? C’est pourquoi il faut diversifier les zones à vocations touristiques. Ce sont des questions qui sont un peu liées. Le Sénégal a des zones à vocation touristique. C’est la raison pour laquelle au niveau de Saint-Louis, on a un seul chef de service régional qui coiffe 3 régions : Louga, Matam et Saint-Louis. Et ce n’est pas à l’Etat de construire des réceptifs, mais de créer les conditions d’accessibilité pour permettre aux futurs promoteurs de trouver un plan d’aménagement, des routes, l’électricité, le téléphone. Qu’on sache, ensuite, que dans cette zone, il y a une capacité d’accueil de tant de lits, tant de chambres. Donc avec l’objectif que nous nous sommes fixé pour l’an 2010, nous savons précisément qu’actuellement, nous serons à 670 voire 700 000 touristes en fin 2003, si la tendance se maintient. Les statistiques du ministère sont parfaitement maîtrisées. Nous sommes même en train de changer les fiches de débarquement à l’aéroport, pour une meilleure maîtrise de nos données. Je peux vous assurer qu’il y a actuellement un travail qui est en train d’être mené avec la coopération française dans le cadre de la réorganisation du ministère pour affiner les données statistiques, mais aussi pour mettre en place une direction de la planification. Ces nouvelles données vont être bientôt publiées et seront accessibles à tous.
Carte touristique et agenda culturel
La carte touristique du Sénégal est maintenant disponible. Où que vous descendiez, vous pouvez la consulter pour voir quelles sont les zones à vocation touristique. Mais les zones connues sont le Sud et Saly. C’est justement une des raisons de ma visite dans la région de Saint-Louis pour montrer que nous avons d’autres potentialités non exploitées. Il nous faut aller vers ces régions montrer à l’opinion internationale nos potentialités et bâtir un plan de communication pour qu’on sache à l’extérieur que le Sénégal, ce n’est pas uniquement le balnéaire, qu’il y a l’éco-tourisme, le culturel, la chasse, la pêche sportive et le golf. Avec la diversification des produits, nous sommes sûrs de développer un tourisme haut de gamme et un tourisme d’affaires. Il appartient à l’Etat d’accompagner les professionnels qui ont l’obligation de promouvoir la destination régionale avec des offres complètes et de fidéliser leur clientèle. Il reste, s’agissant des manifestations, qu’il faut aussi avoir un agenda culturel pour l’ensemble du Sénégal afin que nos les ministères du Tourisme et de la Culture puissent le mettre à la disposition de tous ceux qui veulent venir au Sénégal. Il s’agira de maîtriser toutes les manifestations culturelles organisées chez nous. Saint-Louis et la diversification Il nous fallait, après Ziguinchor, Cap Skiring, Tambacounda où nous avons lancé l’année internationale de l’éco-tourisme, choisir une ville et une région. Pourquoi Saint-Louis? Saint-Louis avec son histoire, sa place dans les arts, sa position dans le cadre de la diversification de nos produits, avec l’île classée patrimoine mondial de l’Unesco, est une destination à promouvoir et, à travers la destination régionale, la destination du Sénégal. C’est une raison fondamentale pour montrer, d’abord, le produit culturel et, au-delà, montrer qu’il y a d’autres produits qu’on peut exporter comme l’éco-tourisme. On doit aussi créer pas les conditions de faire du balnéaire, par exemple, avec ceux qui sont installés sur la langue de Barbarie. Il faudrait la volonté politique et celle des acteurs pour qu’ensemble nous puissions voir plusieurs produits dans la région de Saint-Louis. Il ne s’agit pas seulement de la ville, mais de toute la région. Ce qui justifie notre déplacement à l’intérieur, parce que la présence d’un conseiller technique français et le financement par la coopération française de la réhabilitation du patrimoine culturel justifient aussi que nous saisissions cette occasion pour rendre plus visibles nos actions dans la région. Le gouvernement a donc décidé l’ancrage du tourisme dans la région de Saint-Louis. Mais, d’une manière générale, nous voulons développer toutes les zones à vocation touristique actuelles. Nous avons aussi l’ambition, dans la nouvelle politique, d’ouvrir d’autres zones à vocation touristique. Pour cela, nous avons déjà discuté au niveau de la Sapco sur les aménagements à Ndayane et Pointe Sarène où les études vont démarrer bientôt. Nous sommes en train de réfléchir sur un plan d’action pour les autres zones à aménager. Toutes les zones identifiées seront délimitées, immatriculées au nom de l’Etat, et c’est à partir de ce moment-là qu’on pourra les sécuriser afin d’éviter l’anarchie qui règne dans certaines zones à vocation touristique.
La Maison du Sénégal
Que ce soit la Maison du Sénégal ou l’Office du tourisme, peu importe. L’essentiel, c’est le contenu. Une volonté a été clairement affichée lors des journées de concertations de mars 2002 pour la mise en place d’une Maison du Sénégal. Je ne sais pas comment on en est arrivé à cette appellation. Mais, à l’heure où je vous parle, tous les ministres doivent avoir reçu un dossier venant du ministère, par l’intermédiaire du secrétariat général du gouvernement, parlant de l’Agence de promotion touristique. Quel que soit le nom, cette structure sera chargée désormais de promouvoir la destination du Sénégal en association avec les professionnels du secteur. Il n’appartiendra pas uniquement à l’Etat de le faire, parce que le développement du tourisme se fait toujours avec les professionnels. Ce qui est important, c’est le contenu. Cette Maison du Sénégal (ou agence ou office) verra le jour très bientôt. Tout dépend des procédures qui prendront environ deux mois. *Tourisme durable et implication des collectivités Quand on parle de développement d’un tourisme durable, il est évident que les collectivités locales, les communes ont un rôle à jouer. Il y a des choses qui relèvent de leurs compétences. Cette collaboration que nous voulons avec les collectivités locales permettra aux populations d’en être les principaux bénéficiaires.
ASSAINISSEMENT DU SECTEUR
La concurrence déloyale dans l’hôtellerie Devant la concurrence déloyale dénoncée par les hôteliers, j’ai été le premier à parler de réorganisation et d’assainissement du secteur. Mais le problème fondamental identifié est une absence de réglementation de l’hôtellerie. J’ai demandé, par écrit, à tous les acteurs concernés la régularisation de tous les établissements sur le territoire national. Au lendemain de ma nomination, je n’ai pas trouvé un seul texte qui organise le secteur. Chaque Sénégalais avait la liberté d’écrire au ministère de l’Intérieur pour lui demander une licence de débit de boissons. Juridiquement, je n’ai pas le droit de fermer ceux qui fonctionnent sur cette base. Aujourd’hui, vous avez dans les circuits d’approbation tous les textes portant réorganisation du département et du secteur. Aucun Sénégalais et aucun étranger désormais ne pourra ouvrir un hôtel au Sénégal sans une autorisation du ministère, après une enquête de moralité. Les textes seront approuvés très bientôt. Cela est valable pour tous et l’on ne parlera même pas d’hôtels, mais de réceptifs hôteliers. Le ministère a une lettre de mission très précise. Au-delà de l’existence d’une Direction qui s’occupe de professions et activités touristiques, on ne travaillera pas uniquement sur la base de normes établies. Parce que derrière cette question liée à la concurrence déloyale, il y a la qualité des produits afin que le Sénégal soit véritablement un pays de référence. La situation des enfants L’Etat du Sénégal va appliquer les recommandations issues de la Conférence sur l’exploitation sexuelle des enfants en Afrique. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) avait choisi notre pays pour organiser cette rencontre. Les recommandations de ce séminaire ont été approuvées par le Secrétariat général de l’OMT. L’Etat du Sénégal a approuvé la semaine dernière (début du mois de décembre), par le biais du chef de l’Etat, ces recommandations. Nous allons les appliquer sur l’ensemble du territoire national. Mais cela se fera d’abord dans le texte réglementaire qui va être approuvé pour réorganiser tous les réceptifs hôteliers. L’obligation sera faite à tous les acteurs de veiller sur ce phénomène dans les zones à vocation touristique. La police touristique, qui va être installée très bientôt, aura aussi pour mission d’y veiller. Il s’agira non seulement d’arrêter et de condamner tous les auteurs, mais aussi de procéder et de demander la fermeture des réceptifs qui ne respecteront pas ces dispositions réglementaires. Il n’est pas question que ce fléau, qui gangrène actuellement le monde, s’exporte au Sénégal. On ne l’acceptera pas. Sur ce plan, le chef de l’Etat est très clair et nous veillerons à l’application de ses directives. Le ministère de l’Intérieur est conscient des problèmes que nous avons pour éradiquer ce fléau et j’ai demandé que la Brigade des mœurs fasse son travail, que la police touristique fasse son travail. Ensemble, nous pourrons régler beaucoup de problèmes. Et il n’y a pas d’exception entre Saint-Louis et d’autres zones. Il n’y a pas deux politiques touristiques. Je veillerai personnellement dans toutes les zones à vocation touristique sur l’application stricte de la nouvelle politique touristique. Après Saint-Louis, j’irai avec ma délégation à Saly. Toutes les mesures appropriées seront prises. Que cela soit clair en direction de ceux-là qui ont des réceptifs hôteliers, qui ont des villas et qui font de la para-hôtellerie : nous mettrons fin aux pratiques inacceptables dans ces résidences, cette saison. Que ceux qui sont protégés sachent que la récréation est terminée.
Le tourisme sexuel
Nous avons, pendant deux ans, fait le diagnostic du secteur. Nous sommes maintenant dans une phase d’application de nouvelles politiques. Nous devons être en mesure d’assainir le secteur touristique et de faire en sorte que la destination du Sénégal soit celle d’un pays émergent. Nous devons être vigilants sur tout, veiller aux intérêts du pays et veiller à ce que les retombées du tourisme soient profitables au Sénégal. Comme je l’ai déjà dit à l’Organisation mondiale du tourisme, le Sénégal n’est pas et ne sera pas une destination du tourisme sexuel. Il faut qu’on s’entende sur la définition. Parce qu’une destination de tourisme sexuel suppose qu’à partir du marché fournisseur, vous puissiez affréter un avion avec des gens qui viennent pour satisfaire un besoin, comme pour faire du golf, de la pêche ou autre chose. Faisons la différence entre la prostitution et le tourisme sexuel. De même, l’exploitation des enfants, ce ne sont pas les touristes uniquement qui le font. C’est un fléau que nous devons tous combattre. Au Sénégal, nous avons tous l’obligation de veiller à ce que dans les réceptifs hôteliers ou aux environs, le tourisme sain commence par la protection des populations. Qu’on ne laisse pas n’importe qui y faire n’importe quoi. Nous disposons justement de la Charte du tourisme qui est un engagement des professionnels pour la protection de l’environnement et le développement d’un tourisme sain.
SUR LA DESSERTE AERIENNE
Le transport aérien accompagne le développement du tourisme dans tous les pays du monde. En effet, quelle que soit la politique de communication, la participation aux salons, aux foires, si nous n’avons pas de compagnies aériennes et des partenaires pour affréter des avions, le problème restera entier. C’est dire donc que le transport aérien occupe une place extrêmement importante dans le développement du tourisme au Sénégal. Il y a bien sûr la route. Mais en matière d’accueil, il faut créer les conditions d’accessibilité par voie aérienne pour les touristes qui choisissent de visiter le Sénégal. Nous souhaitons, dans le cadre de la diversification des produits, que des vols directs de ces pays puissent desservir le Sénégal. Le ministère du Tourisme a pour mission principale de promouvoir la destination du Sénégal. La promotion touristique, c’est un tout. C’est la participation à des salons, mais aussi créer des conditions favorables pour attirer le maximum de touristes au Sénégal.
FARA SAMBE
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