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Réalités et singularités du tourisme casamançais: Entre utopie et motifs d’espoir !


La Casamance face à son dessein "tout risque tique" Non au fourre-tout, le tourisme est une science ! Oui, à un modèle d’intégration territoriale du tourisme Casamançais qui doit s’interroger sur les relations entre le tourisme et d'autres activités principales (complémentaires, ou complémentarités), d'une part, et ses relations avec la population (l’ancrage social, ou le contrat social), d'autre part, pour mettre en œuvre la politique de développement durable du tourisme sénégalais. La complémentarité dans cette réflexion traite des relations entre tourisme et l’agriculture, étant entendu que celui-ci est au cœur du programme du Plan Sénégal Emergent (PSE). Selon différentes sources, les relations qu’entretiennent le tourisme et l’agriculture sont liées au phénomène de diversification des exploitations agricoles. La forme de diversification vers les services la plus répandue est l’agritourisme qui consiste en des activités d’accueil et/ou d’hébergement prestées par l’agriculteur (Simon, 2002). (Violier, 1995) On distingue, cinq types de produits touristiques, en fonction du degré d’intégration des deux activités agricoles et touristiques. Ainsi, la diversification par les produits (fabrication à la ferme) concerne le tourisme et les loisirs, lorsque l'agriculteur réalise une vente directe de ses produits (transformés ou non). Parfois couplée à un accueil pédagogique ou ludique avec une visite de la ferme. La vente des produits peut se faire directement au touriste, ou bien à des professionnels de la restauration (les restaurateurs). Les Anglo-saxons distinguent deux pratiques de l’agritourisme. The tourism on farms : Lorsque l'environnement et l'essence de la ferme font partie intégrante du produit. Par exemple : Aide aux travaux de la ferme, promenade en tracteur, cueillette à la ferme, type de séjour. Et the farm tourism : Lorsque le logement ne se situe pas sur la ferme, mais correspond à un type d’hébergement de campagne ou de gîte rural) (Clarke, 1996 cité par Fleischer, Tchetchik, 2005). Une étude de cas pourrait être menée, au Sud dans la verte Casamance, pour ses atouts exceptionnels, afin de ressortir des conclusions qui pourraient être mise en œuvre, comme une expérience pilote pour cette destination multiple dans le sens où cohabitent deux modèles de tourisme, pour plusieurs formes de séjours et de programmes. Le premier modèle est un tourisme diffus, défini de façon positive comme un mode de développement touristique alternatif, qui profite de la proximité de sites touristiques. L’agriculture y reste une activité prédominante. Pour le tourisme, une partie notable de l'offre est le fait de l'agritourisme. Mais pour l'agriculture, le tourisme apporte des revenus, une vitrine pour les produits du terroir, une opportunité de circuits courts, des rencontres qui contribuent à la reconnaissance et à la valorisation du métier d'agriculteur. Sur le plan de l'ancrage social, le contexte du tourisme rural, diffus, évolue à un rythme touristique plus lent avec un certain sens de l’accueil. Les fêtes locales et l'attitude des commerçants, sont favorables à des échanges utiles entre la population et les touristes/ visiteurs, qui sont accueillis, aiguillés sur l’ensemble du territoire, ou ils sont invités à la dégustation de produits locaux, en même temps qu’ils sont initiés à l'agriculture et fidélisés dans une bonne ambiance. Ce modèle n’est pas considéré en Europe comme procurant une rentabilité suffisante pour être conduit seul, mais plutôt comme un complément de ressources pour les résidents, agriculteurs qui gardent toute leur authenticité et valeurs propres. Le second modèle est un tourisme concentré qui peut avoir davantage d'impacts négatifs sur l’environnement de manière générale, il est très lucratif. Un tourisme concentré serait déconnecté du territoire et de ses habitants par son contenu du «All inclusive et des forfaits». Sur un autre plan, la réflexion s'appuie sur un modèle de tourisme appelé tourisme intégré (TI), qui est explicitement lié aux structures économiques, sociales, culturelles, naturelles, et humaines des localités dans lesquelles il prend place. La problématique sous-jacente est celle d'un meilleur développement par une meilleure intégration du tourisme. Si nous formulons l'hypothèse qu'une meilleure intégration territoriale du tourisme conduit à améliorer son efficacité économique (handicap supposé du tourisme le plus diffus) et à minimiser ses impacts négatifs sur le territoire (handicap possible pour le tourisme le plus concentré), le tourisme rural intégré ou tourisme solidaire replace au cœur de nos préoccupations tout l’intérêt de développer le tourisme comme activité économique à forte valeur ajoutée dans cette zone du sud. Le modèle du tourisme alternatif ou intégré propose 7 dimensions pour caractériser et évaluer celui-ci (Jenkins, Oliver etal. 2001). Ces dimensions, repositionnées ou regroupées nous conduisent à retenir : •la densité du tourisme (en relation avec "l'échelle" du Tourisme Intégré), •sa complémentarité avec les autres activités du territoire (activités économiques, sociales ou environnementales), •son ancrage social (relation à la population), •et sa gouvernance (correspondant aux deux dimensions du Tourisme Intégré. Le fonctionnement en réseau, et le contrôle local). Enfin le tourisme est une activité de services, dont l'économie et le management ont proposé un modèle triangulaire, qui met en jeu deux acteurs : Le bénéficiaire et le prestataire, mais aussi un troisième pôle, appelé support du service. Ce dernier peut être soit un bien matériel transformé au cours du service, soit le décor ou la scène du service. Dans les deux cas il est indispensable et des éléments de réponse sont donnés à la question de concevoir une politique à double bénéfice, touristique et agricole, et plus généralement à la prise en compte du tourisme diffus dans les politiques régionales si le transfert de compétences devient une réalité. Sachant que Les politiques publiques en matière de tourisme portent une attention croissante à l'impact économique du tourisme, à ses retombées positives en termes d'emploi, ce qui met l'accent sur l'efficacité économique de celui-ci. Il devient alors urgent de mobiliser les ressources financières nécessaires pour l’exécution des programmes. Ainsi, l’objectif général de cette réflexion qui est de sensibiliser, et de contribuer à revisiter et à faire évoluer les modèles de tourisme, et notamment à déconstruire l'opposition entre tourisme intégré et tourisme concentré. Et pour ce faire, selon le professeur Jenkins, Oliver l'intégration territoriale doit être étudiée à travers trois dimensions : La complémentarité avec d'autres activités (l'agriculture, la culture, la gestion de l'environnement...), l'ancrage social (la relation avec la population), et la gouvernance. Ces éléments exposent une première compréhension, consacrée à la problématique du territoire considéré a priori comme lieu de tourisme diffus, marqué par la dominance de l'activité agricole. Cette complémentarité entre tourisme et agriculture, en relation avec l'ancrage social du tourisme pour renforcer l’attractivité économique de la Casamance, qui interpelle les autorités sur ses choix stratégiques. Les potentialités touristiques de la Casamance sont diverses et, selon les discours et les programmes propices au grand public du moment, que les politiques manifestent leurs intérêts. Or, dans une optique de mise en tourisme, face aux enjeux socio-économiques auquel la Casamance est confrontée, ces potentialités sont sous-exploitées, comme nous l’avions souligné lors des Assises du tourisme tenues de 2004 face à la précarité de paix. Ces potentialités de la Casamance rapprochées au rang de la paix et au degré de la «Téranga», au niveau des prestations offertes et à la synergie au plan local, d’aucuns pourraient le sentir comme un nouvel élan de patriotisme et de sursaut pour développer le tourisme et l’agriculture. Si des voix se font entendre pour affirmer que la Casamance traîne son tourisme, le fait nouveau est qu’une prise de conscience, de la classe politique insulaire et nationale comme des professionnels, se fait de plus en plus fort. Un plan de renouveau du tourisme existe, il est indispensable pour sauver la Casamance, et tenter de conjuguer les sensibilités qui s’expriment sur le terrain de mettre en œuvre un plan marketing de vente de la destination Casamance. Il ne faudrait pas oublier, la question de l'ancrage social du tourisme qui met en jeu la population, qui se trouve en relation directe ou indirecte avec le touriste, et par ailleurs avec les opérateurs du tourisme et du territoire (les élus et l’administration décentralisée) qui doivent gérer ensemble le secteur. Parvenir à une politique touristique effective, passe par une sauvegarde de l’authenticité de la Casamance. Inviter les professionnels du tourisme à parler de prospectives, marketing. Selon le spécialiste en marketing touristique, le professeur Jean-Marc Devanne, « Comment répondre aux nouvelles attentes des touristes…. C’est observer les tendances de fond, les changements sociétaux qui ont bouleversé le monde du tourisme depuis une dizaine d’années, ou le langage a changé. On parle de circuits courts, d’échange de maisons, de covoiturage, de réservation en ligne. Les réseaux sociaux ont tout bouleversé, et les touristes recherchent à la fois des services et de l’authenticité dans un monde qui va très vite, ou le besoin de se démarquer, de ce que l’on appelle l’expérience passe par l’authenticité. C’est la tendance actuelle en matière de marketing, qui nécessite une mobilisation et une fédération des acteurs, avec un investissement maîtrisé et intégré. Ceci par une prise de conscience d’un essoufflement des produits touristiques, des modèles de tourisme, et des orientations qui cachent l’identité de la destination du sud, y compris la stagnation de l’image du Sénégal et des défis à surmonter. Si un touriste choisis la Casamance, quelles sont les émotions forte qu’on lui fera vivre ? Qu’est-ce qu’il va découvrir de profondément diffèrent et propre à la Casamance. De ce point de vue tous les opérateurs du tourisme sont responsables de la qualité d’un séjour, et l’expérience du séjour devient l’affaire de toute la population. Il faut comprendre, ce que sont véritablement les touristes, leur identité, leurs valeurs, leurs ambitions leurs rêves, pour pouvoir leur donner envie d’être ensemble avec nous. En même temps nous devons rester très professionnels, car les touristes veulent à la fois, et ce n’est pas paradoxal, le partage et l’intimité, l’authenticité et la connexion Internet, le Wi-fi. Les touristes veulent à la fois la rupture de la campagne, et les agréments de la ville en matière de sécurité, de connexion ou de facilités. La Casamance se doit d’être profondément elle-même. Mouhamed Faouzou DEME Expert en tourisme Pdt de l’Observatoire Nationale pour le Développement du Tourisme au Sénégal

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