Eclairage sur notre tourisme
Une saison touristique en cache une autre, celle de 2013/2014
a été désastreuse. Bientôt l’ouverture de la saison 2014/2015, les espoirs sont
mitigés en attendant le démarrage des salons internationaux, la journée
mondiale du tourisme et autres événements…
Le Sénégal devrait être prêt. Est-ce le cas ! Et comment ? Pour
une ascension fulgurante du tourisme sénégalais et de la destination Sénégal,
il faut décréter le tourisme comme enjeu
national et Nous devons savoir qu’est-ce qui constitue le tourisme et qu’est-ce que
c’est le tourisme ?
Parmi les besoins essentiels du tourisme, la stabilité, l’hospitalité et l’attractivité
La stabilité c’est la sûreté, la sécurité alimentaire, sanitaire et
environnementale
· L’hospitalité pris dans le sens d’un
accueil exemplaire, d’un respect à tous les égards, d’une disponibilité et d’un
sourire sans hypocrisie.
· L’attractivité c’est le contenu des programmes en termes d’offres globales de loisirs
les produits touristiques, les aménagements et les infrastructures entre autres.
Qu’est-ce que le
tourisme au plan commercial ? Un produit d’exportation il est vendu à l’extérieur et il
est consommé à l’intérieur du pays. En d’autres termes il répond à des normes
et à des critères ou viennent s’ajouter d’autres complexités tel que, l’organisation
de sa consommation sur place en respectant tous les détails de l’offre.
Aujourd’hui ! Compte tenu de la diversité des concepts
du tourisme ! Il n’existe plus une seule et unique définition du tourisme,
Il y a autant de définitions, de pratiques que de critiques sur la définition
du tourisme. Mais ce qui nous intéresse dans cette contribution, c’est
justement de pointer du doigt le rôle économique que joue le secteur du
tourisme dans les différentes activités commerciales et de démontrer que le
tourisme est une activité purement commerciale, très vulnérable qui dépend de
l’offre et la demande dans un environnement de rude compétition au plan mondial.
Si nous savons déjà, que l’Etat n’est pas un acteur marchand
dans ce secteur oh combien transversal et complexe, il nous revient également de
rappeler que le secteur privé est le
moteur qui propulse et qui conduit les opérations de terrain. La question est de savoir comment et avec
quelles ressources ? C’est par une volonté affirmée du Chef de l’Etat,
que se définit les politiques et les axes de priorité de la politique
touristique, sous le contrôle du Ministre, qui supervise les politiques
opérationnelles à travers ses bras armés, que sont la SAPCO et l’ASPT. Les
responsables de ces deux bras armés doivent être en parfaite convergence de vue
avec les acteurs privés, qui sont
les principaux bénéficiaires des actions de l’Etat et par ricochet les
populations. Tous ensembles forment le trio incontournable du secteur, avec la
participation et le soutien de partenaires dans le cadre d’accords
internationaux.
L’Etat doit beaucoup travailler, plus travailler en faveur du renforcement de
la coopération technique touristique, avec les pays émetteurs, à soigner et
vulgariser notre image en label international et intercontinental, à signer des
conventions de partenariats, en présence des acteurs privés pour la promotion du tourisme en général et du
tourisme domestique en particulier. Ce travail vise à mettre en place un cadre
de concertation et d’échanges regroupant les opérateurs, les experts et
professionnels du secteur.
Dans cette optique, il s’agira de mettre en action des
leviers opérationnels pour la promotion du tourisme, booster le tourisme
domestique, et jouer la relation c’est-à-dire la jonction entre les hôteliers,
les voyagistes, les compagnies aériennes et les agences de communications et d’événementielles
à travailler en synergie de regrouper les moyens afin d’être solidaire sur les
marchés importants. Cette convention
existe dans le cadre du conseil national du tourisme et a pour but de
favoriser l’implication de tous les acteurs afin qu’ils jouent leur rôle dans
la promotion de la destination de façon unanime et inclusive.
Que faire après
ces étapes ? Plusieurs options s’offrent à nous sur la panoplie de leviers
existants. Nous choisissons deux leviers majeurs à savoir : Le Tourisme de
proximité et le tourisme d’affaires (le MICE) qui sont des concepts rattachés à des produits en
termes de valeurs puisqu’ils sont à la base de la nature du tourisme exercé.
Je rappelle que dans le cadre de la relance du tourisme, la
sémantique employée est importante. Nous
devons recentrer nos actions en fonction d’un modèle économique que nous
maitrisons et à travers la vision que nous avons du tourisme à dynamiser par des
stratégies nouvelles. L’exemple de développer des activités touristiques
dans des villes en dehors de la capitale
et dans des villages moins développés par l’approche du tourisme chez
l’habitant, le tourisme culturel, social
par nos valeurs de la Téranga est une
des meilleurs options pour lancer le tourisme social, solidaire, responsable,
et équitable.
Le tourisme de proximité
est une expression
culturelle plurielle majeure, qui traduit des valeurs et des comportements de
nos différentes sociétés. C’est la valeur ajoutée à notre tourisme, car il ne
peut y avoir de croissance dans le tourisme sans cette valeur ajoutée produite
par nos artisans locaux, les
services et activités de Culture, des Sports de chez nous, de l’artisanat, du
patrimoine, des coutumes dans un cadre naturel,
authentique, et historique, pour un bel avenir des zones rurales et
villageoises.
Comment poser la
problématique du tourisme intérieur ? Le Sénégal pays récepteur, cela veut dire quoi ?
Est-ce suffisant comme élément de réponse pour développer notre économie !
Non Il faut créer les conditions pour le
tourisme interne. Comment ? Pour qui ? À quel prix ? Quelle saison et quelle
durée ? Il faut restructurer, refaire et présenter autrement l’incoming, l’outgoing et l’Inside Tourism
avec une attention particulière pour les
segments du tourisme d’affaires, du tourisme des loisirs et de découverte.
Le tourisme d’affaires
ou Le MICE (Meetings,
Incentives, Conferences and Exhibitions) est un produit d’excellence composé
d’un package haut de gamme, qui désigne les déplacements à but professionnel
incluant plusieurs loisirs, comme les célébrations d’anniversaires, des
mariages, des dédicaces, et les fêtes de fin d’année. Le MICE combine les
composantes classiques du tourisme (transport, hébergement, restauration) avec
une activité économique de l’entreprise. Partout dans le monde la contribution au
tourisme du tourisme d’affaires dans
les recettes des hôtels et dans l’économie est à deux chiffres, ce qui donne comme résultats des
établissements locaux en expansion qui tirent les profits et augmentent les
recettes fiscales. Malheureusement cette forme de tourisme ne touche que les
hôtels luxes aux standards « resorts »
qui veulent dire
« Palace »
Nous devons redoubler d’efforts et faire du secteur des MICE
un composant majeur de notre politique marketing et promotionnelle. Les
activités du tourisme d’affaires sont réellement une option de diversification
rentable pour notre hôtellerie en montée de gamme et pour la région de Dakar, qui
est ainsi sollicitée pour l’organisation d’évènements internationaux, sous
régionaux et nationaux. Très souvent, pour les conférences d’une durée de trois
à cinq jours, celles-ci sont accompagnées de visites, de découverte, de
shopping, souvent organisées par les
organisations gouvernementales ou institutions internationales ou les
entreprises locales et internationales, elles constituent une bouffée d’oxygène
pour l’économie. Ensuite, pour des célébrations comme, les mariages et les fêtes
de fin d’année les tournages de films, les remises de trophées.
C’est dire qu’il manque à nos structures de promotion du
Tourisme une stratégie de marketing claire pour vendre le Sénégal comme une destination des MICE et comme une
destination de tourisme de proximité
avec comme slogan une zone, un produit
entre Avril et Octobre pour des raisons évidentes d’équilibre entre la haute
saison et la basse saison. Il faut dire qu’en matière de marketing, d’études et
d’innovations il serait avisé de nous
inspirer de la Malaisie, de la Turquie,
des Seychelles et enfin des Emirats Arabe Unis. Et de s’entourer
d’hommes et de femmes d’expertises aux portefeuilles commerciales et
relationnelles sans limites ni frontières. « Le secteur du tourisme
est un club fermé n’y entre pas qui veut »
L’Etat et l’ensemble des acteurs doivent faire une
introspection pour conjurer le mal du tourisme. L’Etat doit aussi accentuer son rôle de contrôle, de
décentralisation, de mesure de l’efficacité, de la qualité, de l’ouverture de
bureaux de promotion, de mise à jour des données touristiques, d’ études et de
veille touristique pour accompagner les acteurs vers l’excellence et permettre
la compréhension de la transversalité du tourisme et sa technicité du point de
vue commercial. Les privés doivent s’atteler à la conception et la mise en
place de nouveaux circuits thématiques culturels et d'écotourisme. Quant aux
experts et les cabinets, ils doivent aider l’Etat à apprendre comment
déchiffrer la comptabilité du tourisme, pour comprendre ses effets interactifs
dans l’économie et le développement local ? A opérer de bons choix d’aménagements,
sur le foncier, l’espace, l’environnement, et comment conjuguer espace vert,
agriculture et pôle touristique.
Mouhamed Faouzou DEME
Expert en tourisme
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