Découverte
|
Du secret des morts aux
recettes du tourisme
Situé à
quelques 3 kms de Joal la ville natale du Président poète Léopold Sédar
Senghor, Fadhiout, cette mystérieuse île n’attire pas que par ces greniers sur
pilotis et par son pont blanc à la facture amplement pittoresque. L’attraction
phare de Fadhiout c’est son cimetière mixte où des tombes de morts musulmans côtoient
celles de chrétiens dans une indifférence des survivants dont le fait semble
justement normal. Qui pourrait rêver de cela ailleurs quand la guerre des religions fait rage. Le Nigéria des bocou aram en demanderait, de même le proche orient où juifs et musulmans se
tirent dessus ou encore en Irlande ou catholiques et protestants se diabolisent
pour se tirer le chignon. Cette exception sénégalaise vécue à Ziguinchor et actualisée
à Fadhiout n’est guère le fruit du hasard. La bonne cohabitation entre chrétiens et musulmans relève d’une tradition
hospitalière et de relations sociales séculaires. Mais le cas Fadhiout est
admiratif pour son cachet exotique et lucratif à la fois : un cimetière à
la curiosité touristique. On aurait pu crier profanation, mais non, on s’y
invite pour prier, méditer et s’inspirer du secret de ces morts chrétiens et
musulmans qui communient pour la survie paisible de leurs progénitures. Ce
secret des esprits est le moteur d’une économie communautaire à travers son
attrait touristique, en substitution à des traditions culturales et de pêche de
moins en moins fructueuses.
D’après
certaines sources autorisée l’histoire de ce cimetière résulte d’un lien fort
de parenté entretenu entre adeptes musulmans et chrétiens du même sang, au delà
de la réalité spatiale, celle de l’étroitesse de cette île qui voudrait que par
soucis d’économie et d’une volonté de ne pas séparer les morts issus d’une même
famille - au nom d’une appartenance religieuse - qu’ont les enterrent dans un
même cimetière. A savoir, aussi, que c’est cet esprit univoque qui a guidé l’action de
construction de la Mosquée et de reconstruction de l’Église locales sur fonds
communs.
Il reste
que la fascination de ce cimetière mixte est aussi le tapis de coquillages blancs
qui couvrent son parterre, telle l’incarnation de la pureté divine et de la
candeur du destin unique, la mort, la seule vérité devant laquelle nous sommes
tous égaux. Mais pouvait-il en être autrement au pays de Senghor
l’universaliste, apôtre du métissage et du dialogue des cultures ?
Dr.
A. NDIAYE
Par
Dr Adama NDIAYE
Technicien
spécialiste
de
l’écotourisme
Commentaires
Enregistrer un commentaire